Ceux qui s’attendent à ce que la construction de pipelines aide à la croissance économique du Québec risquent d’être déçus, d’après une étude faite par deux économistes de l’énergie. Même si tous les projets qui sont dans l’air se concrétisaient, l’effet à long terme sur le PIB québécois ne serait que d’environ 0,03 %, calculent-ils.
Jean-François Cliche • Le Soleil
«Le Québec n’obtiendra aucun bénéfice important, mais devra assumer quasiment la totalité des risques», estime Brigid Rowan, l’une des deux auteurs du document avec Ian Goodman, qui préside une firme-conseil en économie de l’énergie aux États-Unis.
L’étude, commandée par les groupes écologistes Greenpeace et Équiterre, a été dévoilée lundi à Montréal. Notons que le Goodman Group avait déjà tiré des conclusions semblables à propos du projet américain Keystone XL, qui amènerait du pétrole issu des sables bitumineux vers les raffineries du Texas.
Mme Rowan et M. Goodman admettent que la construction de pipelines peut avoir un effet marqué sur l’économie. Par exemple, l’oléoduc Énergie Est de la compagnie TransCanada, qui traverserait le Québec pour amener le pétrole albertain jusqu’au Nouveau-Brunswick, créerait à lui seul entre 5000 et 6000 emplois par année pendant environ cinq ans. Mais au-delà de la construction, les effets à long terme seraient «négligeables», estiment les économistes – environ 1200 emplois si tous les projets sur la table se réalisaient.
D’un autre côté, commentait lundi Patrick Bonin, de Greenpeace, «les coûts pour d’autres industries [comme le tourisme et l’agroalimentaire] en cas de déversement majeur seraient énormes». Comparé au nombre relativement faible d’emplois à long terme que ces projets créeront, le jeu n’en vaut pas la chandelle, dit-il.
Rappelons que l’Office national de l’énergie (ONE) a donné le feu vert, en mars, au projet d’inversion de la ligne 9B, d’Enbridge. Il s’agit d’un pipeline déjà existant qui transporte du pétrole de Montréal jusqu’à Sarnia, en Ontario, mais Enbridge pourra (moyennant une série de conditions imposées par l’ONE) renverser le sens de son écoulement pour amener entre 240 000 et 300 000 barils de pétrole albertain par jour jusqu’à la métropole québécoise.
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